Schiphol pleure

KLM applaudit

Schiphol pleure

Drôle d'époque pour les Pays-Bas. Le "rétrécissement" de l'aéroport de Schiphol, qui a fait couler beaucoup d'encre, n'aura pas lieu pour l'instant. Le nombre maximal de vols pour 2024 est donc à nouveau de 500 000, comme c'était le cas avant toute cette discussion.

Le processus décisionnel à l'origine de ce revirement est particulièrement intriguant et en dit beaucoup sur le pouvoir du lobby de l'aviation dans le monde.

Le coordinateur des créneaux horaires de Schiphol a communiqué l'impact de la décision de réduction (à 460 000 vols par an) sur les différentes compagnies aériennes au début du mois de novembre. Pour le groupe Air France-KLM (y compris Transavia), par exemple, cela signifierait 5 700 vols en moins, rien que pour la saison d'été. A titre indicatif, c'est près d'un million de billets en moins qui pourraient être vendus. Bon…

Autre exemple : tous les aéroports se réjouissent normalement de l'arrivée d'une nouvelle compagnie aérienne. La compagnie américaine JetBlue opérait à Schiphol depuis le mois d'août, mais on s'attendait à ce qu'elle disparaisse à la suite du "plan de rétrécissement". Ce plan voulait même aller beaucoup plus loin : il serait ramené à 452 500 mouvements de vol. Une réduction de 10 %, à peu près.

Plusieurs compagnies aériennes ont déjà réagi l'année dernière et ont saisi la justice. Là, l'État a obtenu gain de cause (il s'agit d'une décision politique, nota bene d'un cabinet intérimaire), y compris en appel.

Les Américains se sont alors mis en colère.

Une contre-mesure de la part des États-Unis pourrait signifier, entre autres, que KLM pourrait avoir moins d'accès aux aéroports américains, si les compagnies aériennes américaines devaient "se méfier".

Bien entendu, personne ne s'attendait à cela dans le monde politique. On pensait apparemment que l'aviation était une affaire locale, où l'on pouvait se contenter de regarder son propre pays, sans se rendre compte qu'un aéroport comme Schiphol était une porte d'entrée vers le pays et, par extension, vers l'Europe.

L'administration démissionnaire a donc senti que la pression des États-Unis, du Canada et de l'Europe s'accentuait, et elle s'est ralliée. "Avec regret pour les résidents locaux" - les élections auront lieu très bientôt aux Pays-Bas, et chaque vote compte.

Du point de vue de la Belgique, nous ne sommes pas vraiment choqués par cette politique molle, nous y sommes habitués. Je suis conscient qu'il reste beaucoup à faire pour que les avions soient plus propres et plus silencieux, mais c'est en train de se faire ! L'aviation est consciente que les choses doivent changer et que cette branche de l'industrie doit également être durable sur tous les fronts afin de continuer à croître sainement. Quoi qu'il en soit, de plus en plus de candidats passagers arrivent dans le monde entier, et ils veulent prendre l'avion. Pas pour des voyages de 500 kilomètres. Mais bien pour voler, pour rencontrer d'autres personnes, pour faire des affaires, pour explorer et apprendre à connaître le monde.

L'aviation et les voyages seront durables, ou ne le seront pas. Mais la solution n'est pas de se contenter de rétrécir.

23-11-23 - par Jan Peeters