UPAV/VVR & Air Belgium

Bon Boulot!

UPAV/VVR & Air Belgium

Il faut le dire : la combinaison UPAV/VVR fournit un travail rapide et solide dans le dossier Air Belgium. Leurs avocats ont examiné soigneusement l'affaire, et sur la base de leurs conclusions, des discussions de haut niveau ont eu lieu avec la compagnie aérienne. Cela a abouti à une déclaration signée par le PDG d'Air Belgium, ce qui, d'après mon expérience, est assez exceptionnel dans les relations entre les compagnies aériennes et leurs clients B2B.

Les problèmes : matière connue

Dans la déclaration, le PDG d'Air Belgium, et également actionnaire, Niki Terzakis, explique une fois de plus en détail comment les actionnaires et la direction de la compagnie aérienne en sont venus à décider de supprimer rapidement la partie des vols passagers. Il fait référence aux différentes facteurs externes que tout le monde connaît, de la pandémie de COVID aux prix du carburant en passant par le pouvoir d'achat des consommateurs. Terzakis évoque également la décision précédente qui a causé des maux de tête à de nombreux clients de la compagnie, à savoir l'arrêt des vols vers les Caraïbes et les Antilles en mars de cette année.

Les problèmes sous-jacents : un peu plus nuancés

Il convient de noter que l'on peut continuer à se poser des questions sur la sous-capitalisation permanente d'Air Belgium, tout comme on peut constater que les facteurs externes évoqués s'appliquent à toutes les compagnies aériennes, voire à toutes les entreprises de voyage dans le monde. Il est également probable que les actionnaires chinois, en particulier, avaient davantage d'intérêt pour le secteur du fret que pour le transport de passagers sur des vols long-courriers directs depuis la Belgique.

Et l'on peut se demander si la qualité des études du marché et des études concurrentielles étaient solides, lorsque deux initiatives stratégiques essentielles long haul doivent être annulées en très peu de temps. Air Belgium proposait un produit en vol de grande qualité, avec une touche de "Belgitude" très agréable, comme le confirmera tout le monde. Cependant, le secteur aérien demeure un domaine difficile, où la taille de la zone de capture, le potentiel de chaque itinéraire, les opportunités de yield, les influences saisonnières et, en effet, toutes les conditions externes possibles sont bien plus importantes que la qualité du produit et du service. En un mot : Ryanair. Ce n'est que lorsque tous les "facteurs externes" ont été correctement examinés que l'on peut planifier des itinéraires et voler.

Certaines des hypothèses d'Air Belgium concernant le lancement et l'exploitation d'une ligne n'étaient pas correctes. Prenons l'exemple de la route vers l'Afrique du Sud : ce n'était jamais le potentiel de loisirs qui était le facteur déterminant, mais bien la combinaison de la route des diamants et du nombre de Belges ayant acquis une résidence permanente ou temporaire en Afrique du Sud. Ce potentiel s'est révélé être trop faible, et pour compenser le caractère saisonnier du potentiel de loisirs supplémentaire, il faut être solide financièrement. Mais bon, c'est une analyse rétrospective, et celles-ci sont toujours faciles. Je sais.

Bonne initiative, document important

Revenons à l'initiative de la VVR/UPAV. Le document signé par le PDG d'Air Belgium, Niki Terzakis, est important. Cela signifie que, si tout se déroule comme prévu dans les nouveaux plans, la compagnie aérienne remboursera les agences de voyages et les tour-opérateurs pour les billets émis après le 3 octobre. Citons le texte d'Air Belgium : "Air Belgium souhaite négocier avec vous une solution dans le cadre de la GRP (Procédure de réorganisation judiciaire, une procédure qui suspend le paiement obligatoire des créances et des dettes pendant la durée de la procédure. Air Belgium a demandé une période de 4 mois - NDJ*) pour vous rembourser pour les vols qu'elle a dû annuler à partir du 3 octobre 2023, tout en assurant la continuité d'Air Belgium."

Chaque mot dans la citation ci-dessus, rédigée évidemment par des avocats, est important. Prêtez particulièrement attention aux mots "négociation", "durée de la procédure" et "continuité d'Air Belgium". Tout dépend donc de l'octroi du statut de société en procédure de réorganisation judiciaire par le tribunal compétent, de la réussite de la réorganisation totale sur la base des deux piliers ACMI et fret, et de la durée de cette procédure. Les 4 mois pourraient éventuellement être prolongés si l'entreprise semble être sur la bonne voie mais a besoin de plus de temps.

L'action de chaque entreprise de voyage est requise

Entre-temps, les entreprises de voyage sont invitées à "envoyer une liste des billets que vous avez émis pour les vols sur Air Belgium prévus à partir du 3 octobre 2023, y compris le montant des paiements déjà effectués pour ces vols". Nous ne pouvons pas trop insister là-dessus : faites-le. Il est également indiqué : "dès que nous aurons ces informations, nous vous contacterons pour négocier un plan de remboursement dans le cadre de la GRP". En d'autres termes, nous pouvons discuter d'un plan de remboursement, mais pas avant au moins 4 mois.

C'est la réalité actuelle. Nous avons déjà souligné que toutes les entreprises de voyage concernées perdront de l'argent de toute façon en proposant des alternatives ou en remboursant éventuellement leurs clients. Mais il s'agit bien sûr aussi de cash : presque tout le monde a passé un bel été, mais le cash reste un élément important dans cette période de reprise après une longue crise.

N'oublions jamais la politique !

Un élément important, dont l'impact est difficile à évaluer aujourd'hui, est également présent dans l'histoire d'Air Belgium. En effet, plusieurs véhicules d'origine politique -fédérale et régionale) détiennent ensemble la majorité des actions de l'entreprise. Si Air Belgium venait à s'effondrer malgré tout, il y aurait de nombreuses critiques concernant les investissements de fonds publics - ces critiques se construisent d'ailleurs déjà. N'oublions pas non plus qu'il y a environ 500 employés. Et des élections à tous les niveaux sont en vue. Il se pourrait bien que ce soit la composante politique qui exerce une influence en coulisses pour prolonger la durée de la GRP "au-delà des élections". Celles-ci auront lieu le 9 juin 2024 (européennes, fédérales et régionales) et le 13 octobre 2024 (provinciales, communales et districts). Une année donc, avant que tous les politiciens sachent vraiment à quoi s'attendre. Une prédiction prudente : la GRP trouvera un accord devant le tribunal et sera prolongée d'au moins quatre mois supplémentaires. Prédiction entièrement de la responsabilité de l'auteur de cet article.

Au fait : cette GRP concerne bien sûr également les autres créanciers d'Air Belgium.

Quoi qu'il en soit : la VVR et l’UPAV ne se sont pas limitées à un communiqué de presse négatif, mais ont agi de manière proactive pour examiner la situation sous tous les angles et obtenir une déclaration d'Air Belgium. "We might not be perfect, but heaven knwos we try" - Randy Newman dans la chanson "Political Science". Une autre citation de la même chanson, qui s'applique davantage à Air Belgium : "Let’s drop the big one and see what happens."

 

(*) NDJ = Note De Jan

24-09-23 - par Jan Peeters