KLM vs Air France: une situation familière?
Il y a des perturbations sur la ligne Paris - Amstelveen, ça c’est sûr. Air France a laissé entendre il y a quelque temps qu’elle comptait sur le flux de trésorerie de KLM pour résoudre les problèmes financiers d'Air France. Cela a conduit à l’indignation, la colère et des conflits, où même le monde politique des Pays-Bas s’en est mêlé. Du côté de la Belgique, la situation est déjà très familière: souvenez-vous de Sabena / Swiss?
Cela fait déjà presque onze ans qu’Air France a repris KLM. La jonction des deux sociétés a été souvent mentionnée “fusion“, principalement aux Pays-Bas, mais en réalité, c’était très clairement une reprise. Aujourd'hui, tout le monde aux Pays-Bas est très nerveux, car Air France - qui vole même en cas des intempéries – veut renforcer fortement son emprise sur KLM. La grève des pilotes d’Air France en automne 2014 a coûté un demi-milliard d’euros à la société.
La réaction de KLM ne s’est pas fait attendre et cette dernière a été claire : il ne faut pas compter sur KLM pour couvrir ces pertes. “Nous sommes deux sociétés avec chacune une comptabilité distincte, propre“. Plus tard, il paraît que les Français avaient compris ceci d’une manière complètement différente.
Le bras de fer entre le management d'Air France et la direction de KLM a également reçu une interprétation politique, car soudain il y avait des "intérêts nationaux en jeu." Des questions ont été posées à la seconde Chambre et des déclarations fortes ont été faites: soudainement il semblait que la moitié des Pays-Bas " avait du sang bleu qui coulait dans les veines" .Peu à peu, cependant, c’était clair que ceci était en train de devenir un combat très difficile.
Beaucoup d'ex Sabeniens ont suivi cette l'histoire de près et ont été effrayés par les nombreux points parallèles entre la situation de KLM aujourd'hui et celle de Sabena face à Swiss, son propriétaire à l’époque.
Le journaliste aéronautique néerlandais, Arnold Burlage, est quelqu'un qui mâche rarement ses mots. Cette fois-ci aussi, Arnold a critiqué de manière virulente le monde politique:
"Toutes les inquiétudes sur l'avenir de KLM sont justifiées. Cette société a un tel impact sur notre économie, qu’il est même difficile d’en chiffrer le montant. (...) Schiphol et le réseau mondial de KLM sont l'aimant, pour lequel beaucoup de grandes entreprises mondiales ont choisi de s’installer aux Pays-Bas. L’emploi de plus de 300 000 personnes est indissociable à KLM et Schiphol, avec de la prospérité qui leur est associée. (...)
Dans ce contexte, le discours venant d’entre autres Ton Elias, député VVD et Wilma Mansfield, la secrétaire d'Etat PvdA, dit qu’il ne faut pas se mêler de la gestion de KLM-Air France, pas du tout. Le gouvernement et le monde politique auraient dû néanmoins s’en mêler vigoureusement, défendre bec et ongles nos intérêts nationaux ". Les points parallèles avec la situation dans laquelle se trouvait Sabena, sont plus que clairs. En Belgique, c’était un fiasco. La création de SN Brussels Airlines – aujourd’hui Brussels Airlines- est le seul point positif. Cela a coûté au Brussels Airport de nombreuses années de sang, de sueur et de larmes pour ramener de nouveau le trafic au niveau de Sabena. Nous pouvons donc espérer que, suite aux déclarations fortes, qu’Air France et KLM arriveront à nouveau à un modus vivendi acceptable. Nous devons apprendre une autre leçon importante de cette histoire: l'impact d’une compagnie aérienne porte-drapeau dépasse à chaque fois les estimations classiques sur l'emploi et la contribution au niveau du PNB.
Les politiciens ainsi que les économistes de renom sous-estiment la plupart du temps l’importance des liaisons structurelles, fiables et bonnes avec le reste du monde. Une compagnie aérienne nationale forte et un aéroport attrayant et facilement accessible sont des fondements potentiels importants pour un pays et son économie. Nous espérons intensément que KLM et Schiphol ne subiront aucun dommage permanent dans toute cette turbulence.
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