Le dernier des trois ténors légendaires du tourisme est décédé le week-end dernier, à l'âge de 75 ans. Avec Rudolf Vanmoerkerke et Gerard Brackx, Wim Desmet a façonné le tourisme de vacances belge, en entreprenant avec succès, en innovant constamment, et en voyant une opportunité dans chaque défi.

Soyons honnêtes : on n'en fait plus des comme ça.

Vanmoerkerke a commencé par une activité d'autocar – il amenait des clients anglais à Ostende, puis leur faisait découvrir la Belgique et l'Europe. Brackx et Desmet ont commencé par une agence de voyages. L'un à Ostende également, l'autre à Hasselt.

Tous trois ont développé de très grandes entreprises, avec comme activité principale l'organisation de voyages. Les deux Ostendais ont choisi dès le début la distribution ouverte, Wim Desmet a développé un réseau d'agences de voyages Neckermann – alimenté par leur propre tour-opérateur.

Tous les trois étaient des hommes obstinés, qui vivaient toujours avec « la prochaine étape » en tête. Ils franchissaient toujours cette étape, quel que soit l'obstacle rencontré en cours de route. Tour-opérateurs, chaînes d'agences de voyages, une compagnie aérienne – ils ont tout réalisé. Avec un couteau entre les dents, car ils étaient de grands concurrents l'un de l'autre.

Pourtant, ces hommes ont encore accompli des choses ensemble. Le fonds de garantie, pour n'en citer qu'un. Et la plateforme de réservation commune BTN. Dans ces moments-là, il y avait la prise de conscience que collaborer dans de tels projets valait mieux que de se faire concurrence. Non pas que de telles réalisations aient été sans heurts : les 3 Ténors veillaient en permanence à leur « propre avantage » – et les tensions avec les représentants de la distribution étaient légendaires.

Les 3 Ténors étaient chacun des hommes charmants, qui savaient gagner leurs interlocuteurs de manière engageante. Mais quiconque a connu chacun d'eux a également rencontré le poing de fer dans un gant de velours.

Avec Wim Desmet, le dernier des 3 Ténors s'en est allé. Il était un entrepreneur, mais a toujours travaillé dans de grandes entreprises : d'abord Neckermann, puis NUR Touristic et enfin Thomas Cook. Il est devenu Directeur de l'Europe de l'Ouest.

C'était une belle nomination, mais en même temps le début de la prise de conscience que, plus il grimpait dans l'échelle corporative, plus ses ailes en termes d'entrepreneuriat risquaient d'être coupées.

Wim Desmet a dirigé Neckermann Belgique comme si c'était sa propre entreprise. Il considérait lui-même la création et le maintien d'une identité belge comme l'une de ses plus grandes réalisations. Bullshit talks, money walks : Wim obtenait des résultats – jamais Neckermann ou Thomas Cook Belgique n'ont écrit de chiffres rouges sous sa direction – et cela lui donnait beaucoup de liberté de la part de ses propriétaires allemands.

Il a acheté le spécialiste des vacances en voiture All Air (oui, ce nom pour une entreprise qui ne vendait pas de vols, je sais) et aussi le grand concurrent fortement affaibli Sunsnacks. Cette dernière était une acquisition stratégique double : d'une part défensive, pour que la marque ne tombe pas entre les mains de l'un des deux concurrents. D'autre part offensive, car elle ouvrait la voie à la distribution ouverte.

Les discussions sur la concurrence de Neckermann avec les agences de voyages indépendantes étaient légendaires, mais Wim ne les évitait jamais.

Lorsque Wim Desmet a gravi les échelons chez Thomas Cook, il a remarqué que tout le monde n'était pas aussi concerné par le cœur de l'activité que lui. Il voyait que la planification de carrière individuelle et les tiraillements politiques en entreprise étaient pour beaucoup de ses collègues plus importants que « s'occuper des affaires ». Wim ne pouvait pas comprendre cela.

Après une grave maladie contractée en Afrique et après avoir vu passer le troisième PDG du groupe Thomas Cook en 6 ans, il a décidé de quitter la course directe. À partir de ses 56 ans, il a travaillé pour le groupe, mais en tant que consultant sur des projets stratégiques. Après sa retraite, il a investi - avec beaucoup de plaisir - notamment dans des projets immobiliers. Et il a réussi là aussi « car si tu te concentres sur ce qui est vraiment important, Jan, alors tout réussit. Vraiment tout » - c'est ainsi qu'il m'a parlé il y a quelques années.

Il y a beaucoup à dire sur un homme comme Wim Desmet. Il a beaucoup signifié pour notre secteur. Hell, yes.