Depuis plus d'une décennie, je suis avec beaucoup d'intérêt la dynamique des start-ups dans le secteur touristique mondial. Le lancement, le succès et la percée phénoménale des grandes agences de voyage en ligne, l'essor des sites de comparaison, la conquête du monde par Airbnb... j'ai toujours été impressionné par ce qu'on peut accomplir avec la combinaison d'une idée puissante et beaucoup, beaucoup d'argent.

Des entreprises comme Airbnb, Uber, BlaBlaCar, Trivago et Booking ont en partie transformé le monde du voyage. Et dans de nombreux cas, elles ont amélioré l'expérience de voyage. Réserver un voyage est devenu beaucoup plus facile, gérer activement le processus de voyage est plus clair que jamais, et la flexibilité du processus de voyage a souvent augmenté.

Aujourd'hui, beaucoup d'argent est investi dans des entreprises - souvent petites - qui proposent des solutions allant vers ce qu'elles appellent le "frictionless travel". Elles veulent que vous et moi puissions vivre notre voyage sans aucun obstacle. Elles veulent éliminer les "points de douleur". L'incertitude doit être effacée, les files d'attente doivent disparaître, les points de contrôle doivent être réduits au minimum, les conséquences de problèmes potentiels comme les retards doivent être minimes, et chaque maillon de la chaîne de voyage doit être autant que possible au courant de nos préférences et habitudes.

Vous et moi voyageons assez souvent et savons : nous n'y sommes pas encore en ce qui concerne le "frictionless travel". Ma question est : est-ce vraiment nécessaire ?

Je pense en effet qu'il y a des priorités plus importantes dans le secteur du voyage, où l'argent devrait être investi. Est-il vraiment si important qu'en cas de retard de vol, "le système" informe mon hôtel que mon "arrivée tardive" prévue pour ce jour-là devient soudain une "arrivée très tôt" le lendemain ? Super, bien sûr. Mais il y a d'autres choses, qui dans un avenir proche ne seront peut-être pas super amusantes, mais qui sont vraiment importantes.

Ne serait-il pas judicieux de canaliser tous les investissements possibles dans le tourisme au cours des prochaines années vers la protection contre le changement climatique ? Ne serait-il pas sage, au lieu de nouveaux concepts de première classe et d'applications personnalisées excitantes, de travailler à minimiser les émissions et à maximiser les conditions de travail dans notre secteur ?

Le tourisme est l'une des premières victimes potentielles du réchauffement climatique, de l'imprévisibilité du climat et de la montée du niveau des océans. Nous sommes donc en danger. Quand on est en danger, survivre est plus important que d'améliorer sa vie.

Bien sûr, je sais que d'importantes sommes sont investies dans toutes les formes de durabilité. Mais vous et moi savons tout aussi bien que les investissements actuels ne nous permettront jamais d'atteindre les objectifs - certainement pas avec les échéances annoncées.

Il est donc temps de choisir des priorités. Parce que cela ne sert à rien de parvenir facilement à notre destination, si cette destination n'existe plus.