TUI : Questions & Réponses

Sur le consommateur, la compagnie aérienne et l’argent

TUI : Questions & Réponses

Dans le deuxième article de cette série en trois volets consacrée à TUI – basée sur une présentation détaillée de l’entreprise lors de sa « Capital Markets Day » il y a quelques semaines – nous abordons la proposition que TUI souhaite offrir au consommateur, l’évolution envisagée des compagnies aériennes ainsi que la question financière : du chiffre d’affaires au bénéfice net. Nous conservons la même méthode : nous posons les questions et y répondons nous-mêmes, selon notre interprétation de la présentation.

Question 1 : Quels produits/services TUI souhaite-t-elle vendre ?

TUI ambitionne de créer un écosystème de loisirs dans lequel les clients, à différents moments, avec des motivations et impulsions diverses, effectuent un achat chez TUI. Pour y parvenir, la gamme de produits devra encore être élargie, notamment avec : des excursions dans sa propre ville, des voitures de location pour une courte escapade, des billets de concert ou autres événements, ainsi que des vols secs.

La magie réside ensuite dans la combinaison de toutes les dépenses nécessaires à la réalisation de ses projets, et dans la possibilité de réserver et d’acheter cette combinaison intégralement chez TUI. D’où l’importance stratégique de l’application TUI, afin que chaque consommateur ait à tout moment toutes les options au creux de la main.

Question 2 : Quel est l’avenir de la compagnie aérienne ?

TUI souhaite évoluer d’un modèle basé sur cinq compagnies aériennes distinctes et orientées nationalement vers une seule compagnie aérienne flexible et rationalisée. Les appareils doivent, en principe, pouvoir être déployés partout en Europe. La décision récente de ne plus opérer les vols long-courriers au départ de Brussels Airport avec sa propre flotte, mais bien depuis Schiphol, s’inscrit dans cette vision : les avions doivent être stationnés là où la demande du marché est la plus forte.

Cela implique bien entendu une transformation technique et opérationnelle, TUI visant clairement à créer une compagnie aérienne paneuropéenne. Sur le plan technique et administratif, un travail conséquent reste à faire pour obtenir un AOC (Certificat de transporteur aérien) auprès de l’EASA (Agence européenne de la sécurité aérienne), mais ce n’est qu’une question de temps. Ainsi, la compagnie sera exploitée depuis une seule CAMCO (Organisation de gestion du maintien de la navigabilité) pour garantir la sécurité.

L’avenir de la compagnie aérienne belge se joue donc à l’échelle européenne, sous une direction unique. Il est évident que des réorganisations sont également en cours, mises en œuvre au rythme des autorisations nécessaires pour intégrer la compagnie aérienne en une entité unifiée.

Question 3 : À quoi ressemble aujourd’hui la structure des coûts de TUI ?

Historiquement, le tour-operating est une activité aux marges extrêmement faibles. Avec 3 % de bénéfice avant impôts, on fait déjà partie du peloton de tête ; atteindre 5 %, c’est appartenir à l’élite.

TUI a compris que cela devait changer à court terme. Non seulement pour satisfaire les actionnaires et les investisseurs, mais surtout pour réduire l’écart avec ses concurrents axés sur la technologie. Car le bénéfice, c’est aussi la marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir investir. Notamment dans la technologie.

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Le tableau ci-dessus présente quelques chiffres intéressants. Il s’agit en effet de la répartition du chiffre d’affaires de TUI en 2024 (20,2 milliards d’euros) jusqu’à ce qu’il ne reste, avant impôts, que 304 millions d’euros.

Certains penseront : c’est beaucoup d’efforts et de prises de risques pour un bénéfice relativement modeste – et ils n’ont pas tort.

Quelles sont donc les principales sources de coûts ? Évidemment, le « cost of sales » est le principal poste de dépense : le coût des hôtels, des avions, des transferts… ce sont de gros montants par client. L’hébergement représente 48 % de ces coûts, les vols 32 %. Il reste alors 2,9 milliards sur les 20,2.

La distribution reste relativement raisonnable : amener le produit au consommateur final coûte en moyenne 10 %. Sachant que TUI génère désormais plus de la moitié de son chiffre d’affaires via ses propres canaux de distribution, cela prouve aussi que l’agent de voyage est probablement un peu plus cher que les autres canaux. Cela dit, comme le souligne systématiquement la direction de TUI, c’est aussi par l’intermédiaire de l’agent de voyage que le « meilleur » client découvre l’offre TUI.

07-05-25 - par Jan Peeters