Grève des pilotes chez Ryanair

Bravo pour le timing !

Grève des pilotes chez Ryanair

Les pilotes belges de Ryanair avaient lancé un ultimatum à la direction, qui a expiré vendredi dernier. Résultat : un préavis de grève pour les 15 et 16 juillet. C'est le début des vacances pour de nombreux Belges. Bien entendu, "l'intention n'est pas d'intimider les passagers". Et bien sûr, les pilotes "ont le dos au mur". Ces phrases, nous les avons entendues une fois de plus. Et pour la énième fois : tout le monde a le droit de faire grève. Mais des pilotes qui font grève pendant le week-end de départ le plus chargé de la saison estivale, au moment où de nombreuses familles avec enfants paient leurs vacances au prix le plus élevé de l'année ? Il s'agit sans doute d'une question de droit, mais c'est un jeu égoïste. 

Bon, il faut être clair : je pense que le moment choisi est indigne et qu'il s'agit d'une gifle pour de nombreuses personnes qui travaillent dur et qui attendent leurs vacances depuis des semaines et des mois. Imaginez la famille moyenne qui part avec Ryanair ce week-end-là, via Charleroi. Expliquez à vos enfants : "nous ne savons pas encore si nous pourrons partir, car les pilotes de la compagnie aérienne que nous avons choisie veulent gagner plus d'argent et ne sont pas d'accord avec le nouveau système "quatre jours de vol - trois jours de repos". Ce n'est pas de la grève, c'est le harcèlement.

Les pilotes ont peut-être un point important à faire valoir. Ils ont dû accepter une réduction de salaire de 20 % pendant la période Covid, et on leur a garanti qu'ils retrouveraient leur niveau de salaire d'avant la période Covid dans un délai pouvant aller jusqu'à quatre ans. La reprise a été plus rapide, de même que la régulation des salaires : depuis avril, ils reçoivent à nouveau des fiches de salaire au niveau d'avant la Covid. Un point de discorde : en janvier, la quasi-totalité des travailleurs belges ont bénéficié d'une forte augmentation de l'indice. Cela a été difficile pour de nombreuses entreprises, mais la loi est la loi - l'indice belge existe, donc chaque entreprise doit suivre le système. On peut discuter du montant, compte tenu de l'inflation qui fluctue en fin de compte, mais on paie à ses employés ce à quoi ils ont légalement droit.

Ryanair ne l'a pas fait : selon la compagnie, les pilotes avaient le droit de voir leurs salaires rétablis, mais aucune promesse d'indexation n'a jamais été faite. Il leur manque donc quelque 11 %, soit le montant de l'augmentation de l'indice de janvier. Et ils estiment que ce n'est pas juste. Sur ce point, ils n'ont pas tort.

Dans le même temps, Ryanair veut résilier unilatéralement la convention collective de travail (CCT), qui court encore jusqu'à fin octobre 2024, pour renégocier un certain nombre de points, dont les jours de vol et de repos.  Et bien, vous savez alors que vous rencontrerez le syndicat sur votre chemin.

Inévitablement, à ces moments-là, les reportages mettent en lumière le côté "dur" de Ryanair en tant qu'employeur. Les histoires de "paiement pour une bouteille d'eau", la pression commerciale exercée sur les équipages pendant les vols et l'attitude sceptique de la compagnie à l'égard des congés de maladie sont bien connues. Mais vous le savez quand vous commencez à travailler pour Ryanair. Et il y a aujourd'hui suffisamment de postes vacants, même dans l'aviation.  

En résumé : compréhension pour les actions - à propos, il y a toujours un procès intenté par une cinquantaine de pilotes contre Ryanair - mais pas de compréhension du tout pour le moment. Il s'agit de 139 pilotes basés en Belgique. J'espère vivement que Ryanair pourra déployer des pilotes étrangers en masse, afin de réduire les annulations au minimum. Car, encore une fois, il s'agit de personnes qui, aujourd'hui, sont stressées à l'idée de passer leurs principales vacances de l'année. Une grève est possible. Mais pendant le week-end des 15 et 16 juillet ?  Honte à vous, bande de brutes.

10-07-23 - par Jan Peeters