Et également positif pour le climat...
Itinéraires de vol directs
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Quand une décision ou une mesure devient-elle "historique" ? Apparemment, il suffit d'avoir dû attendre suffisamment longtemps. C'est ce que dit la Commission européenne à propos des décisions récentes concernant les routes aériennes en Europe. Le tant attendu "Ciel unique européen" devrait bientôt devenir une réalité. "Et comme il s'agit d'une décision qui fait l'objet de discussions depuis des décennies, c'est un jour historique", a-t-on entendu au Parlement européen mercredi dernier, à cinq heures et demie du matin.
Voici comment cela est présenté dans une communication récente du Parlement européen : "L'architecture nationaliste actuelle de l'espace aérien entrave le progrès et entraîne des vols plus longs, des émissions plus élevées et des coûts inutiles. Il est grand temps de donner enfin la priorité à l'efficacité plutôt qu'au nationalisme, pour ouvrir la voie à un transport aérien plus sûr, plus rentable et plus respectueux de l'environnement en Europe".
Eh bien. Nationalisme et aviation : en principe, ce sont des concepts que l'on ne rencontre pas souvent dans la même phrase. Mais ce n'est qu'une remarque en passant.
Il s'agit de proposer enfin de travailler à un espace aérien européen unique, au lieu de l'actuelle "route du serpent de mer" que les avions doivent souvent suivre, zigzaguant à travers l'espace aérien selon les règles établies par chaque pays individuellement. Cela se traduit par des itinéraires de vol plus longs, des durées de vol prolongées et, bien sûr, une consommation de kérosène accrue.
Le "Ciel Unique Européen", un objectif que l'Union a fixé en 1999 et qui a été l'objet de nombreuses batailles et négociations entre certains États membres, devient maintenant une réalité virtuelle.
Naturellement, selon la partie qui communique, cela est principalement présenté comme une mesure environnementale. Mais lorsque l'objectif a été fixé en 1999, il était surtout question d'efficacité, et quasiment pas d'environnement, de CO2 ou de climat. Comme les temps changent.
"L'objectif est de réduire la longueur des itinéraires de vol, en optimisant les voyages, ce qui aura un effet positif sur l'environnement", selon Karima Delli, membre verte du Parlement européen et présidente de la Commission des transports et du tourisme.
Ce résultat "donnera aux États membres plus d'outils pour limiter les nuisances des activités aériennes", selon le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, au nom de la présidence belge du Conseil.
Les compagnies aériennes sont naturellement également satisfaites de l'effet sur le climat, mais quelque chose me dit qu'elles apprécient surtout les économies d'environ 5 milliards dues à moins de retards et à une consommation de carburant réduite.
Les avantages attendus sont donc considérables : un triplement de la capacité de l'espace aérien, une réduction de moitié des coûts de gestion du trafic aérien (ATM), une multiplication par dix de la sécurité et une réduction de 10% de l'impact environnemental de l'aviation par rapport à 2004, selon les chiffres du Parlement.
Bien que cette approbation constitue un pas important en avant, le long chemin vers le ciel unique européen n'est pas encore terminé. "L'accord doit encore être approuvé par les représentants des États membres de l'UE et par la Commission des transports et du tourisme du Parlement, puis par le Parlement et le Conseil dans leur ensemble", selon un communiqué de presse du Parlement européen.
Qu'on ne s'y trompe pas : c'est un bon pas en avant. Eurocontrol est responsable de la mise en œuvre (après le long processus d'approbation, donc), et il ne fait aucun doute que le "Ciel Unique Européen" ne sera pas une réalité demain, ni après-demain. Ni les réductions de CO2 annoncées avec tant de bravoure, donc. Mais l'espoir fait vivre.
Pourquoi de telles décisions sur un sujet qui dure depuis des décennies doivent-elles toujours être prises au milieu de la nuit, reste pour moi un mystère. Mais cela doit probablement être de ma faute.
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