EuroAirlines
S'agira-t-il d'une histoire durable ?

Il ne vous aura pas échappé que, dès la fin octobre, EuroAirlines lancera des vols charters directs au départ de Bruxelles vers Cancún (Mexique) et Punta Cana (République dominicaine). Ces vols sont présentés comme une nouvelle opportunité pour le marché belge des voyages long-courriers à vocation loisirs, précisément au moment où TUI fly cesse ses liaisons long-courriers au départ de Bruxelles. Cela semble simple : EuroAirlines comble le vide laissé par TUI fly. Mais la réalité est plus complexe que cela.
Dans TravMagazine BeLux, nous avons eu un long entretien avec Antonio López-Lázaro, CEO d’EuroAirlines, qui se montre résolument déterminé : « Nous sommes ici pour rester. » Son discours est réfléchi. Les routes sont développées étape par étape, avec une seule fréquence hebdomadaire, sur la base d’une lettre d’intention avec TUI fly, qui assure l’opération (appareil et équipage). Les premiers signaux commerciaux sont encourageants. Selon López-Lázaro, les vols vers Punta Cana et Cancún affichent déjà environ la moitié du taux de remplissage prévu, trois mois avant le lancement.
La prudence reste toutefois de mise. Car nous connaissons le marché belge. Mettre en place des vols long-courriers directs et stables vers les Caraïbes à des fins touristiques n’a jamais été une évidence en Belgique. Même TUI – avec son intégration verticale et son accès à une solide production hôtelière – a choisi de recentrer ses opérations sur Schiphol. L’aventure Air Belgium a également laissé des cicatrices dans la confiance du secteur. Cela, nous le savons. Et EuroAirlines le sait aussi.
Pourtant, plusieurs tour-opérateurs nous confient qu’ils souhaitent voir ce projet réussir. Certains ont déjà alloué des capacités sur ces vols – une première étape, certes prudente. Le grand levier de la confiance du marché reste encore à activer. EuroAirlines en est bien consciente : « Nous construisons cela ensemble avec le secteur, pas au-dessus de sa tête. »
Plus de capacité vers les Caraïbes au départ de Bruxelles est toujours la bienvenue, tant pour le client que pour les ventes. Et si cette opération est réellement menée de manière solide – comme EuroAirlines le prétend – alors elle mérite au moins une chance équitable.
Il faut aussi être honnête quant à ce qu’est EuroAirlines – et ce qu’elle n’est pas. Oui, l’entreprise possède un AOC, mais elle ne détient en propre que deux petits appareils – du type que les plus fortunés gardent dans leur hangar privé, pour ainsi dire. Pour ses opérations, et en particulier pour le long-courrier, elle dépend donc entièrement de partenaires, de contrats de location et de solutions en wet lease. Mais cela ne dit rien, en soi, sur la faisabilité du projet. Ce qui compte, c’est de savoir si le puzzle commercial et opérationnel est correctement assemblé. Les semaines et mois à venir diront si le marché croit réellement en cette renaissance du long-courrier loisir belge vers les Caraïbes.
Ajouter un commentaire