Certains professionnels sont prêts dès le début de leur carrière à occuper uniquement les postes les plus prestigieux. Ils traversent en bondissant les marécages du middle management pour faire ce qu'ils savent vraiment bien faire : donner une direction stratégique et une vision claire à l'entreprise qu'ils dirigent.

Elie Bruyninckx est l'un de ces professionnels. Si l'on regarde ses études, on ne s'attend pas immédiatement à ce qu'il devienne l'un des grands Capitaines d'Industrie de l'industrie du voyage en Europe. Diplômes en génie électrique et mécanique et en comptabilité et audit financier, tous deux avec grande distinction : on imagine plutôt cet homme chez Deloitte ou Bain Consulting que chez Jetair, par exemple.

Et pourtant. Entre 1994 et 2000, il est passé en un éclair de Sabena à Air Belgium, puis à Sobelair, en tant que Line Maintenance Manager, Directeur Technique et Directeur du Leasing. Elie n'a jamais été un « job hopper » - ce sont les (meilleurs) postes qui sont venus à lui. Il figurait en tête de liste des meilleurs chasseurs de têtes en Belgique, parmi les talents avec un potentiel de CEO. Croyez-moi, c'est une liste où seuls les meilleurs des meilleurs apparaissent.

C'est l'année du changement de millénaire qu'il franchit les grandes portes de Jetair en tant que COO. La famille fondatrice Brackx avait déjà vendu la moitié des actions de Jetair à TUI quelques années auparavant, et allait tout vendre à TUI en 2001. La nomination d'Elie à l'époque ne peut être vue en dehors du contexte de TUI : TUI savait qu'elle aurait besoin d'une combinaison d'un professionnel de l'aviation et d'un talent stratégique pour réaliser ses grands projets de création de ce qui était alors presque littéralement "The World of TUI".

Elie a rejoint l'organisation belge de TUI en tant que Director Traffic & Yield chez le voyagiste Jetair. En mai 2003, il a lancé le modèle hybride de voyagiste, combinant de manière synergique la vente de forfaits avec la vente de sièges seuls. C'était une première étape, mais il pensait déjà bien plus loin. Le succès de la stratégie de « dynamic packaging » de l'actuel TUI était déjà dans la tête d'Elie à cette époque. En novembre 2003, il est devenu le « founding Chairman » de notre compagnie aérienne belge Jetairfly. En avril 2008, Elie a été nommé COO Flight Holidays chez Jetair et en novembre 2010, CEO de Jetair. En octobre 2012, il a pris la responsabilité de CEO de TUI Belgium. Le succès de la compagnie aérienne était tel que, au sein du groupe TUI, on parlait parfois de la Belgique comme de « la compagnie aérienne avec un voyagiste », alors que dans tous les autres pays, c'était l'inverse.

Mais cela ne s'est pas arrêté là. Elie a été nommé membre du Group Executive Committee de TUI AG lorsque le groupe a réorganisé l'ancien segment Mainstream, qui a été divisé en trois régions. Depuis le 1er juin 2015, il est responsable de la région ouest, incluant la Belgique, les Pays-Bas, la France et l'Italie.

Et maintenant, il part, sans doute tourné vers le monde des start-ups et des nouvelles initiatives commerciales où il pourra, sans l'environnement hiérarchique et structurel lourd d'un grand groupe coté en bourse, continuer à entreprendre, mettre des entreprises sur la bonne voie et (ne me dis pas que ce n'est pas l'un de tes rêves, Elie !) peut-être même amener au moins une entreprise avec un potentiel de licorne en bourse.

Personnellement, je suis reconnaissant à Elie pour les nombreuses discussions personnelles. Il sait que je prends très au sérieux le statut de « off the record », et jamais aucun de ces échanges n'a été mis par écrit pour être publié.

Rencontrer Elie lors d'un événement a toujours été enrichissant. Avec lui, le « small talk » s'arrêtait tout de suite après les salutations. Ensuite, il lui fallait quelques questions pour exposer de manière précise, claire et solidement étayée une vision, expliquer un changement stratégique ou prédire avec précision les évolutions du comportement des consommateurs.

J'ai appris de cet homme. Il a encore beaucoup à offrir. Un conseil à ses futurs partenaires commerciaux : écoutez bien Elie. Et présentez vos arguments sans exagération, de manière claire et concise. Elie est un homme aimable, mais il déteste le baratin et les baratineurs. Bon voyage et bonne vie, Capitaine Elie.