Nous devrions essayer un jour !
Saleté et insécurité en voyage

Les grèves dans le secteur ferroviaire se prolongent. Il semble de plus en plus que les navetteurs et les voyageurs subissent tout cela avec résignation. Il y a une certaine compréhension envers les grévistes, mais tout le monde sait aussi que les mesures gouvernementales ne faciliteront pas la vie d’une large partie de la population.
Pour moi, il ne fait aucun doute que les syndicats ferroviaires exagèrent fortement. Il est tout aussi certain que les « activistes » en profitent pour se créer de longs week-ends et des journées supplémentaires en famille. Encore une certitude : chaque syndicat – et il semble qu’ils soient plus nombreux à la SNCB que ce que nous pensions – veut à tout prix revendiquer son « moment ».
Le résultat ? Le client des chemins de fer nationaux, le voyageur, est maltraité. Je suis étonné de voir avec quelle patience on supporte ces grèves punitives, après des semaines de trains supprimés, raccourcis ou disparus.
Cela mène à des situations où je me demande spontanément : que se passerait-il si nous, l’industrie du voyage organisée, faisions un coup pareil ? Des débats sont régulièrement menés au plus haut niveau à propos des « Droits du Voyageur », souvent sous la pression d’organisations de consommateurs comme Test-Achats, qui perd des millions depuis des années.
Situation : en fin d’après-midi pendant la semaine, un événement urgent t’oblige à rentrer d’Amsterdam vers ton domicile en Belgique. Il est environ 20 heures lorsque tu prends cette décision. Attraper le dernier Eurostar ne pose pas de problème, il arrive juste avant 23h à Bruxelles-Midi, et les correspondances vers les grandes et moyennes villes ne devraient pas poser de souci, quitte à faire un détour.
Pas de chance : nous sommes mardi, devenu le jour de grève attitré des syndicats ferroviaires. À l’arrivée à Bruxelles-Midi, il s’avère que le prochain train partira à 00h30 en direction de Liège, et ce n’est que quelques heures plus tard que le trafic reprendra véritablement.
Il faut donc attendre à Bruxelles-Midi. Aucun personnel ferroviaire présent, guichets hermétiquement fermés, seule la police ferroviaire est visible – heureusement d’ailleurs. Tu t’aventures un instant hors de la gare, mais ce n’est manifestement ni une bonne ni une idée sûre. Pas que ce soit beaucoup plus agréable ou sûr à l’intérieur. Des chauffeurs de taxi insistants t’interpellent, tu es témoin de disputes houleuses entre des personnes ivres ou sous l’effet de substances inconnues et agressives.
Entre-temps, tu comptes une centaine de voyageurs qui attendent – familles, petits et grands groupes, jeunes et moins jeunes – essayant de tuer le temps. Ce qui frappe, c’est que tout le monde cherche à rester dans le périmètre surveillé par la police ferroviaire : le sentiment de sécurité est pratiquement inexistant.
C’est dans ce genre de moment que je pense aux retards inévitables, pour diverses raisons, qui se produiront à nouveau dans les aéroports cet été. Ce sera très chargé, et il est inévitable que cela tourne parfois mal. Des voyageurs devront attendre plusieurs heures, parfois voyager un jour de plus que prévu. La communication sera parfois laborieuse, souvent par SMS. Des vidéos filmées par des voyageurs « lésés » seront envoyées aux rédactions – qui les publieront avec empressement.
Mardi dernier en soirée à Bruxelles-Midi, je n’ai vu personne filmer. Je n’ai lu aucun article dans la presse à ce sujet non plus. Demain, c’est mardi, et il y aura à nouveau une grève. J’ai cessé d’en suivre la fréquence.
Des dizaines de personnes ont demandé la semaine dernière aux agents de sécurité présents si les trains annoncés circuleraient vraiment. « Nous pensons que oui, mais en ce moment, on ne peut jamais être sûr », fut la réponse aimable et bien intentionnée.
Nous devrions tenter le coup, un jour.
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