La société américaine Weeva a été fondée en 2021 « avec une vision de créer un avenir plus durable et plus résilient pour l'industrie du voyage et du tourisme ». Ça sonne bien, pense-t-on.

L'objectif, à l'époque : « Nous avons été inspirés par Fitbit et Apple Fitness, et nous voulions créer un produit de type 'conseiller en durabilité dans votre poche' permettant aux hôtels de suivre leur durabilité de la même manière que nous suivons notre forme physique aujourd'hui. » Ça sonne toujours bien, pense-t-on.

En mars de cette année, le PDG de Weeza a déclaré : « Vous ne voulez pas que votre entreprise soit protestée par les habitants locaux, parce que vous avez utilisé toute l'eau et que vous attendez d'eux qu'ils économisent l'eau pour que vos clients en aient. Vous ne voulez pas faire la une des journaux parce que vous établissez des contrats saisonniers et que vous ne donnez pas aux gens un salaire décent avec des avantages sociaux. Et cela continuera certainement à l'avenir ; ça ne disparaîtra pas ; et c'est un changement que nous ferions mieux d'embrasser. » Cela continue de très bien sonner, pense-t-on.

Aujourd'hui, moins de trois ans après sa création, Weeza a annoncé qu'elle cesse ses activités. L'argent est épuisé, il y a trop peu de clients et surtout : il y a peu ou pas d'intérêt pour un « indicateur de durabilité » sur le marché.

Quelques-unes des constatations de la direction de Weeza :

« Le marché à atteindre est bien en deçà de nos attentes initiales et les analyses et perspectives de marché montrent que beaucoup dans le secteur ne sont pas encore prêts pour une approche plus rigoureuse de la durabilité. » En d'autres termes : personne n'en a rien à faire.

« La viabilité commerciale du modèle économique est également minée par l'état très fragmenté du marché de la technologie de durabilité. Cela devrait rester ainsi encore quelques années. » En d'autres termes : trop de concurrence.

« Un certain nombre de règles de durabilité cotées en bourse pour les entreprises ont été mises en œuvre. Malgré les avantages, il faudra du temps pour se conformer et gérer ces règles. Il existe un risque qu'au niveau de nos cibles, les groupes hôteliers non cotés en bourse, les réglementations soient reportées de plusieurs années, augmentant ainsi le risque de ne pas atteindre les objectifs de chiffre d'affaires et de revenus. » En d'autres termes : la durabilité est quelque chose pour les grandes entreprises avec beaucoup de personnel.

La disparition d'entreprises comme Weeza est un exemple de la manière dont aujourd'hui beaucoup de « service de façade » est rendu à la durabilité, mais comment il y a en même temps peu d'intérêt à prendre des mesures concrètes. C'est une chose de faire la une des journaux avec des nouveaux savons fabriqués à partir de déchets. C'en est une autre de réduire les émissions de votre système de climatisation de 50 %. Soyons honnêtes : la durabilité, personne ne sait vraiment comment s'y prendre, aujourd'hui.