Travail le week-end
t’es fou ?

La semaine dernière, je me suis retrouvé dans une conversation avec un groupe de jeunes à propos du travail le week-end. Il s’agissait de personnes déjà actives professionnellement, pas d’étudiants jobistes. Leur position était claire : de préférence pas. Le week-end n’est pour eux pas une catégorie résiduelle après la semaine de travail, mais bien le cœur de leur vie. Il est synonyme d’amis, de famille, de sport et de liberté. Et un petit sondage auprès d’agents de voyages ne fait que confirmer cela. Il devient de plus en plus difficile de trouver de jeunes personnes prêtes à travailler le week-end.
Ma première réaction fut instinctive. J’ai failli lever le doigt en l’air : « Autrefois, le travail le week-end n’était pas un choix mais une évidence. On prouvait son engagement en étant disponible aux moments les plus chargés. Notre secteur vit le samedi et le dimanche : les aéroports tournent, les bateaux de croisière partent, les hôtels se remplissent, les clients n’ont du temps que le week-end pour passer, les salons, etc. Sans personnel le week-end, la machine du voyage s’enrayerait. Cela faisait partie du contrat, point final. » En sachant très bien que moi aussi, à l’époque, je râlais souvent quand je devais me présenter le samedi, mais au cours de mon argumentation, j’avais apparemment oublié tout ça.
Les jeunes ne se laissaient pas convaincre par la nostalgie ou la fierté professionnelle. Ils avançaient des arguments difficilement contestables. Beaucoup ont vu leurs parents sombrer dans le burn-out. Combien de fois n’ont-ils pas entendu : « Si je pouvais recommencer, je travaillerais moins et je profiterais davantage de la vie. » Ils m’ont parlé de la valeur des opportunités manquées : un anniversaire, un week-end spontané, l’entretien d’une amitié. Ils constatent qu’une vie où le travail passe toujours en premier n’est pas viable. Pour eux, l’équilibre n’est pas un luxe, mais une condition indispensable pour pouvoir continuer à fonctionner.
Le secteur ne peut pas se permettre de s’arrêter le week-end. Mais la question est de savoir si nous pouvons continuer à imposer à ces jeunes un rythme qu’ils rejettent fondamentalement. Peut-être sommes-nous les témoins d’une génération qui n’est pas moins motivée, mais qui refuse simplement de répéter les erreurs de la génération précédente, et qui perçoit plus clairement à quoi pourrait ressembler l’avenir du travail.
La question centrale est donc : comment continuer à générer le même revenu tout en travaillant moins ?
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