Eh bien, nous avons surmonté la première grève des trains et assisté à la première grande « manifestation nationale » massive. Et soyez-en sûrs : ce ne sera pas la dernière. Car bon nombre d’organisations souffrent d’une forme aiguë de soif de reconnaissance. Et tant pis si le pays doit s’arrêter un moment.

Dans un précédent article sur ce site, consacré à ce sujet, nous avions signalé qu’il fallait garder un œil sur un membre du gouvernement. Nous avions écrit ceci :

« Soit dit en passant : la prochaine fois, nous parlerons du ministre Rob Beenders (Protection des consommateurs), qui cherche à se faire un nom dans l'industrie aérienne. Encore un à surveiller de près en raison de son besoin évident de se profiler. »

La raison de cette mise en garde ? Dix jours après sa nomination, Beenders a apparemment découvert que l’aviation était un excellent moyen de capter l’attention des médias. Les avions sont grands, encore polluants jusqu’à nouvel ordre, et ils font du bruit.

Rob Beenders a ainsi réalisé qu’en cas de retard ou d’annulation de vol, les passagers avaient droit à une indemnisation. Il estime que les consommateurs en souffrent « souvent ». Non pas de cette indemnisation, mais bien des retards et des annulations. Sur ce « souvent », nous ne nous attarderons pas ici.

Mais Beenders aimerait que les passagers soient remboursés immédiatement, automatiquement et sans avoir à effectuer la moindre démarche. Pas de preuves à fournir, pas de formulaires à remplir, juste un remboursement aussi rapide que possible. Cela devrait être possible, non ? Voilà déjà la première preuve que cet homme ne maîtrise pas son sujet.

Mais surtout : le timing de Beenders n’avait rien d’un hasard. Il a profité du jour de grève, qui a paralysé Brussels Airport, pour faire passer son message. « Tout à coup, ces gens apprennent qu’ils ne peuvent pas voler. » Selon le tout nouveau ministre, ces passagers devraient alors voir leur situation automatiquement réglée. Il prévoit d’ailleurs d’écrire aux compagnies aériennes pour leur demander d’améliorer leur communication et d’aborder la question au niveau européen. Il a également déclaré qu’un tel système « renforcerait le pouvoir d’achat des citoyens ». Une phrase qu’il doit sans doute prononcer sur ordre de Connor. Même si c’est tiré par les cheveux, à un point qui prêterait à rire si cela ne me rendait pas si las.

Le choix du moment, le message, les arguments fragiles : tout indique que ce ministre encore inconnu est prêt à tout pour se faire un nom. Méfiance face à ce genre de personnages.