Une île privée dans les Caraïbes

Pourquoi cela peut être une bonne chose

Une île privée dans les Caraïbes

Le secteur des croisières est parfois malmené par la presse généraliste. Quelque chose à voir avec la durabilité, le “tourisme de masse” et le “mauvais tourisme”. Ou encore avec l'idée que “cela ne contribue en rien à l'économie locale”. Ces préjugés, je les ai depuis longtemps laissés derrière moi, car à chacun de ces arguments, il existe de solides contre-arguments.

Cependant, je dois avouer que j'avais encore beaucoup de mal avec le concept d’une île privée dans les Caraïbes. Les grands acteurs du secteur des croisières possèdent désormais tous une île où leurs navires accostent exclusivement, souvent pour un séjour d’un à deux jours. Je m’imaginais une fête foraine flottante dont les revenus atterrissaient directement dans les poches des actionnaires. Pas d'économie locale, pas d'écologie. Totalement faux.

Jusqu'à ce que je sois invité par MSC Croisières à visiter leur île Ocean Cay. Ceux qui pensent “voilà du contenu sponsorisé” se trompent. Mais bon, ces préjugés continueront d'exister.

Aujourd'hui, Ocean Cay ressemble peut-être à une île de vacances idyllique, mais elle a un lourd passé industriel. L'île a été artificiellement créée pour l'extraction du sable d'aragonite. Lorsque Dillingham Construction a quitté l'île, celle-ci est tombée en ruine et n'a laissé derrière elle que des déchets et des débris.

En 2015, Pierfrancesco Vago, le président exécutif de MSC Croisières, a signé un bail de cent ans avec le gouvernement des Bahamas. La vision : transformer l'île d'un site industriel abandonné en une destination de croisière durable. C'est ainsi qu'a commencé un ambitieux projet de restauration, combinant réhabilitation de la nature, tourisme et protection de l'environnement.

L'île a d'abord été entièrement nettoyée et débarrassée de ses débris. Ensuite, plus de 75 000 arbres et plantes ont été introduits, dont la majorité appartient à des espèces indigènes.

Aujourd'hui, environ deux cents membres du personnel vivent en permanence sur l'île, issus de vingt cultures différentes, dont près de quatre-vingt-dix pour cent sont d'origine bahamienne. Pour eux, des infrastructures spécifiques ont été mises en place, comprenant cuisines, logements et services propres. L'île est également équipée d'installations médicales, d'une surveillance 24h/24 et est considérée comme exempte de criminalité et de racisme. L'île continue de se développer avec de nouvelles installations telles que des centres de plongée avec tuba, ainsi que des restaurants et des bars supplémentaires pour enrichir l'offre destinée aux passagers.

Ocean Cay fonctionne en partie à l'énergie solaire et en partie grâce à des générateurs, possède sa propre station de traitement des eaux et ne produit ni déchets ni pollution. Au Coral Conservation Center, les coraux sont renforcés et cultivés pour les rendre résistants au blanchissement causé par le réchauffement climatique. Entre mai et septembre, des tortues marines viennent même pondre leurs œufs sur les différentes plages de l'île.

Et pour rendre tout cela possible, il faut de l’argent. Beaucoup d’argent. Argent généré par l’activité de croisière de MSC. J'ai pu constater de mes propres yeux comment une friche industrielle a été transformée en une île idyllique dans le respect de la nature, permettant à deux cents habitants locaux d'assurer leur subsistance. Leur fierté et leur enthousiasme sont palpables.

Reste à savoir si MSC Croisières saura résister à la tentation d’y installer des piscines, des toboggans et des attractions de type fête foraine, comme on en voit parfois sur d'autres îles de croisière. Pour l’instant, rien n'indique que ce soit prévu, mais restons vigilants !

Je suis heureux d’avoir pu voir cela de mes propres yeux et d’avoir changé d’avis. Et comme souvent : les préjugés existent surtout chez ceux qui ignorent de quoi ils parlent. Cela a aussi été mon cas.

29-04-25 - par Pieter Weymans